Historique de la poterie en grès de Betschdorf

 
Vers 1720, de nombreux potiers venant  d'Allemagne, s’installèrent à Betschdorf, dans le nord de l'Alsace.
L’époque est prospère et de nouveaux ateliers s’ouvrent jusqu’à la révolution française qui met un coup d’arrêt à la production locale : les potiers du village émigrent alors en Allemagne.
Leur retour d’exil vers 1796 fait entrer Betschdorf dans un véritable âge d’or. Vers 1800, le village compte soixante potiers dont quinze maîtres.
A la veille des guerres franco-prussiennes de 1870, on dénombre alors une soixantaine d’ateliers qui emploient environ 400 ouvriers. Le conflit porte un coup d’arrêt à l’industrie céramique de Betschdorf.  
Dans les années 1920, il subsiste une douzaine d’ateliers qui vont prendre le parti de la modernité en se tournant vers une production artistique et décorative.
En 2021, il n'existe plus que trois ateliers encore en activité. 



Exceptionnel pot à lait caillé de Betschdorf
Cadeau de mariage en 1840
 Au recto : l'année est inscrite dans un coeur entouré d'oiseaux de paradis,
 symboles de fertilité et de bonheur.
Au verso : les initiales des jeunes époux sont inscrites dans un coeur cerné de deux cerfs.


 

Four à bois

Les flammes et la fumée s'échappent d'un four à bois de Betschdorf...
Au bout de 40 heures, la cuisson des poteries en grès sera terminée.

(photos d'archives - Musée de Betschdorf)
 
Les caractéristiques du grès sont un grain dur et serré, ainsi qu'une faible porosité.
Cette porosité est d’ailleurs supprimée dans la fabrication du grès de Betschdorf par le procédé dit de «salage» qui par la fusion du sel marin recouvre les vases d’une sorte d’enduit vitrifié semblable à l’émail de la porcelaine et les rend presque complètement imperméables.
En projetant dans le four de cuisson à une température de 1250 degrés du chlorure de sodium, ce sel se décompose et donne par combinaison avec le silicate d’alumine, qui est la base de l’argile, un silicate de soude qui se fixe sur les pièces lors de la cuisson. Il se forme ainsi un vernis imperméable et aussi inattaquable aux acides. On peut donc aussi bien conserver l'alcool ou le vinaigre que les huiles, le beurre ou encore les œufs.
La cuisson dure plusieures heures. En effet, la montée en température doit être lente et progressive, de même que le refroidissement des pots.


Le bleu est la couleur caractéristique de la poterie de Betschdorf.
Il s'agit d'oxyde de cobalt, seule couleur résistant à la haute température de cuisson.
 
         
cruche à distiller 1837 



                         cruche à vin - couvercle d'étain


cruche à vin - début XIXè siècle


Bouteilles de pharmacie du XVIIIè siècle




Superbe cruche à distiller de Betschdorf gravée d'oiseaux et de végétaux divers


cruche à eau (vers 1850)




Quelques exemples de poteries de Betschdorf, rares et variées
(extrait du livre "Blick nach Westen - Keramik in Baden und im Elsass").
Poteries du XIXè : pots de conservation, cruche, pot à lait, bouteille.
Exceptionnels décors animaliers gravés.



 


Afin de découvrir l'exceptionnelle richesse et l'immense variété de la poterie de Betschdorf, je vous conseille tout particulièrement le livre "La poterie de grès au sel" dont des extraits illustrent le présent article.


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